2ème voyage humanitaire de FFS au Kosovo

 

C’est au début du mois d’août que l’équipe de FFS s’élança pour son nouveau voyage humanitaire. En Voïvodine, nous rencontrons quelques amis serbes qui ont des responsabilités politiques et prenons des nouvelles de ceux blessés par la police durant les manifestations contre la séquestration de Karadzic. Un des cadres locaux du Parti Radical n’a pas survécu à son passage à tabac... Une situation ubuesque qui révèle la traîtrise du gouvernement serbe. Aleksander Vucic, n° 3 du parti, a lui-même été blessé.

Ceci fait, nous reprenons la route et arrivons dans la ville kosovare de Mitroviça, où les choses sérieuses commencent. Le maire de la ville nous reçoit chaleureusement dans son bureau, autour d’une bouteille de rakia (l'eau de vie locale).


L'équipe de FFS et le maire de Mitroviça

Nous discutons longuement des problèmes rencontrés ici par les Serbes. Ils ne peuvent se rendre au cimetière où reposent leurs proches (dont l’épouse du maire, décédée dans les bombardements en 1999), car il se trouve en zone musulmane où il est laissé à l’abandon après avoir été profané. Nous évoquons les projets communs entre FFS et la municipalité, dont nous vous reparlerons en temps et en heure.

Nous nous rendons ensuite à l’hôpital pour enfants de Mitroviça, qui recueille les enfants atteints de maladies graves de tous les Serbes du Kosovo. Le personnel médical nous fait visiter et nous expose ses besoins.

Nous distribuons ensuite une dizaine de grands cartons contenant des jouets et des vêtements pour enfants. Une mère, présente au chevet de sa fille malade, qui avait tout perdu après que la famille eut été chassée de sa maison, en a été tout particulièrement bouleversée.

Nous repartons vers les enclaves isolées où la situation est vraiment critique et dont l’accès est risqué.
Nous atteignons la première, un petit hameau de quelques familles.
Ils n’ont l’eau courante qu’une heure par jour ; l’électricité de temps en temps.

L’un des chefs de famille que nous avions prévu de rencontrer n’est pas là. Il a été kidnappé par des Albanophones, comme nous l’explique son frère, et nous craignons le pire quant à son sort...

Ici aussi nous distribuons quelques colis particulièrement bienvenus et appréciés, et de l’argent. Nous offrons enfin des bicyclettes aux gamins, dont les visages rayonnent de joie.

Puis nous reprenons la petite route défoncée et arrivons à un village plus important, l’enclave principale que nous avions ciblée.

La veille, les Albanophones, ayant appris notre arrivée, ont passé la soirée à tirer des coups de feu autour du village.

Cette tentative d’intimidation n’empêchera pas le village de se rassembler autour de nous pour la distribution de nombreux colis. Chaque famille reçoit une somme d’argent proportionnelle au nombre d’enfants.

Puis, pendant de longues heures, nous sommes reçus par les chefs de l’enclave.

Nous discutons des besoins urgents à la veille de l’hiver. Le bois est leur seul moyen de chauffage, mais exploiter leurs propres forêts est devenu trop dangereux. Nous leur promettons d’essayer d’organiser une livraison de bois pour l’hiver prochain.

La soirée de cette journée bien remplie se passe dans un autre village que nous avions déjà aidé, dans une ambiance très chaleureuse.
Les militaires de la KFOR nous observent, inquiets.
Nous irons passer la nuit plus au sud, hébergés chez des camarades.

Le lendemain matin, nous visitons l’ancien et célèbre monastère de Graçaniça qui prend des allures de camp retranché.

Dans le chœur de l’église, nous avons la surprise de découvrir une plaque commémorative de l’amitié franco-serbe et du sacrifice des soldats français durant la Première Guerre mondiale, restée intacte.

Des amis tiennent à ce que nous restions pour assister à l’inauguration de leur nouvelle église, car, alors qu’il se construit désormais des mosquées tous les jours au Kosovo et après toutes les destructions d’églises qui ont eu lieu, c’est un symbole important. Nous décidons donc de prolonger notre voyage de quelques jours pour être présents à cette cérémonie.

Nos hôtes nous font visiter le célèbre Champ des Merles. Le lieu, aujourd’hui cerné de mosquées, est sous haute protection militaire, car les Albanophones ont essayé de détruire la tour qui commémore la bataille qui eut lieu ici.

Note : la bataille du Champ des Merles ou bataille de Kosovo, en 1389, est le symbole de la résistance héroïque opposée par le peuple serbe aux conquêtes des Turcs ottomans dans l’Europe des Balkans. La bataille elle-même fut indécise et le sultan turc trouva la mort, mais les Serbes perdirent leurs princes et un grand nombre de leurs chevaliers, en sorte que cette date marque la fin de leur indépendance pour quelques siècles. Du haut de la tour, on peut contempler tout le champ de bataille.

Lors de l’inauguration de l’église, la présence militaire est impressionnante. Nous sommes d’ailleurs surpris et affligés du comportement de deux gendarmes français qui, pendant la cérémonie religieuse, photographiaient tous les participants.

Après une séparation émouvante, nous reprenons la route vers la capitale de la Serbie.

A Belgrade se déroule chaque jour une manifestation de protestation contre l’arrestation et l’extradition de Radovan Karadzic. On nous y attend pour prendre la parole. Le président de FFS fait alors un discours devant ce grand rassemblement patriotique, fustigeant les ravages du Nouvel Ordre mondial et témoignant que tous les Français ne sont pas derrière l’infernal tandem Sarközy-Kouchner.

Cet épisode sera l’occasion de prendre de multiples nouveaux contacts que nous mettrons à profit pour le prochain convoi humanitaire, qui se fera à nouveau grâce à votre soutien actif et généreux.

 
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